Journal de l’oliveraie – Printemps / Été 2023

En 2022, nous avions connu un enchaînement printemps-été catastrophique, durant lequel nos oliviers avaient souffert de la sécheresse et coulé leurs quelques olives. S’en était suivie une récolte 2022 égale à zéro : un beau zéro pointé, rond comme une olive. Après un automne-hiver mitigé, nous étions donc sur le qui-vive en ce printemps-été 2023, curieux de savoir à quelle sauce nous serions mangés. Et – spoiler alert – jusqu’ici : tout va bien !

Une bonne poussée de croissance

Les beaux jours nous ont d’abord réservé une belle surprise. En effet, après une année 2022 cauchemardesque dans les arbres (cochenilles, œil de paon, défoliation…), le cru 2023 a rapidement montré un aspect bien plus encourageant. Pas de cochenille, des rameaux fournis et vigoureux : nos oliviers ont retrouvé force et vitalité. Il est difficile de savoir à quoi imputer ces améliorations. Sûrement à un cocktail des soins apportés aux arbres, et à une météo qui a aidé la convalescence : un apport important de fumier à l’automne suivi de pluies abondantes, l’essai d’un nouveau produit antifongique en mars (Glucotech) qui contient de l’engrais foliaire à base d’algues, et nos différentes applications de purins d’ortie ou consoude après les quelques pluies du printemps.

C’est sec, ultra sec au printemps…

Pluie sur les fleurs, pluie de fleurs

Avec un mois d’avril sec, trop sec, nous avions peur que la floraison soit très limitée. Heureusement, le mois de mai a été un peu plus humide et les oliviers ont trouvé les ressources nécessaire pour faire des fleurs. Si nous étions contents de voir enfin arriver la pluie, nous avons commencé à pleurer quand celle-ci s’est déchainée pendant les deux semaines de floraison (20 mai – 3 juin). Le comble après des mois sans une seule goutte ! Ceci combiné à l’absence de vent, nous nous attendions au pire en terme de pollinisation. Alors, remplis de l’énergie du désespoir, nous sommes allés secouer les oliviers, un par un, entre deux averses, pour que le pollen s’envole et féconde les oliviers environnant. Bilan : une pollinisation pas si mauvaise ! Un peu de millerandage (grappes de mini-olives qui ne se développerons pas), mais surtout une fructification réussie sur quasiment tous les oliviers. Ouf !

Oh les beaux bébés !

La période de la floraison est également celle où l’on peut traiter si besoin ses arbres contre la teigne de l’olivier, un papillon dont les générations successives de larves se nourrissent des feuilles, puis des fleurs et enfin des olives. Bref, un ravageur capable de causer pas mal de dégâts si on le laisse proliférer. Début mai, nous avons donc procédé à un comptage en prélevant au hasard des feuilles dans plusieurs arbres et en dénombrant celles atteintes par la teigne (repérables à la galerie creusée par la larve dans la feuille). Le ratio de feuilles atteintes étant assez significatif, nous avons décidé de pratiquer un traitement au BT (Bacillus Thuringiensis).

Ce « biopesticide » est peu nocif pour la grande majorité des insectes mais très efficace contre la teigne. Néanmoins, il ne faut pas se louper sur la période d’application ! En effet le BT est inoffensif contre les larves de teigne qui s’attaquent aux feuilles en mars/avril, car il ne pénètre pas dans la feuille, et on ne peut à l’inverse pas attendre la génération qui s’attaque aux olives, au risque d’en perdre une grande quantité. Il faut donc traiter les arbres au stade de la génération de larves qui s’attaque aux fleurs. Mais en veillant à passer le produit en début de floraison (lorsque 20% environ des fleurs de l’arbre sont ouvertes) : cet équilibre permet de s’attaquer efficacement aux larves de la teigne tout en évitant de mettre en danger les autres insectes qui viendront butiner dans les oliviers.

Opération cochenille réussie !

L’année dernière, à partir du mois de juin, nous avions dû affronter des cochenilles noires de l’olivier, contre lesquelles nous avions désespérément lutté pour contenir leur invasion parmi les oliviers. Forts de cette rude expérience, nous avons observé, compté et enlevé les cochenilles dès le mois de mai, plus déterminés que jamais à ne pas les laisser proliférer. Mais les auxiliaires avaient déjà fait le boulot : les quelques cochenilles présentes dans nos oliviers étaient perforées par la coccinelle virgule, et leurs œufs complétement secs. La bête à bon dieu n’a fait qu’une bouchée des cochenilles, incapables de mobiliser les fourmis pour les défendre. Rien de tel qu’un écosystème riche et divers !

Tournage dans les oliviers

Fin juin, notre oliveraie a accueilli une équipe de tournage de France 5 pour un reportage sur l’huile d’olive (qui sera diffusé à l’été 2024…). Les enfants de l’école de Cabrières d’Avignon ont pu découvrir les coulisses d’un tournage et nous avons participé à une formation à la dégustation avec Cécile Cron. De pus, nous pourrons récupérer prochainement de jolis plans de drones au dessus de notre oliveraie.

Tournage dans l’oliveraie, c’est Holive-wood !

Paillage du sol pour garder l’eau

Les orages se sont succédé au mois de mai et début juin, pour un total cumulé de 130 mm de pluie à Cabrières-d’Avignon. Pour éviter la situation critique de l’année dernière, et n’ayant toujours pas accès à l’eau pour arroser nos oliviers, nous avons décidé de les pailler. Nous avons taillé les rejets et fauché l’herbe poussée après les orages et apporté du paillage pour retenir l’eau dans le sol.

Si l’été a été (un peu) moins caniculaire que l’année dernière, il n’a cependant pas plu une goutte. Les olives ont grossi en juillet grâce aux réserves en eau du sol, puis ont commencé à friper en août quand le stock d’eau a fini par tarir. Mais les olives sont encore sur les arbres au moment où nous rédigeons cet article : on espère maintenant qu’il va pleuvoir en septembre, le plus tôt possible. Sinon la lipogenèse (fabrication d’huile dans les olives) risque d’être limitée et notre rendement en huile assez faible.

Les sangliers aussi ont bien bossé !

Argile contre la mouche, coûte que coûte

Les conditions climatiques de l’été ont été peu propices à la reproduction de la mouche de l’olive : les vols ont été assez rares dans le secteur et nos olives fripées étaient peu attractives. Mais nous avons malgré tout choisi de passer régulièrement de l’argile pour recouvrir les olives d’une fine pellicule protectrice. C’est probablement du zèle, qui nécessite du temps (une grosse journée avec le pulvérisateur à dos de 20kg sous le soleil de l’été…) et de l’argent (entre 40 et 70€ par passage selon la dose d’argile), mais nous ne voulions prendre aucun risque ! No pasaran ! C’est donc l’esprit tranquille que nous avons pu partir en vacances.

Début septembre, nous avons combiné un passage de cuivre avec l’argile. Nous essayons de mettre le moins de cuivre possible, mais la variété Aglandau étant très sensible à ce champignon, qui attaque régulièrement la moitié de nos arbres, nous sommes obligés d’en utiliser un peu pour limiter la propagation dans le verger. Nous faisons 3 passages par an dosés à 500g / hectare, soit le tiers environ de la dose maximale autorisée en BIO. Nous espérons pouvoir réduire encore ces doses en renforçant les feuilles avec une décoction de prêle passée à l’automne et au printemps.

Prochaine étape : la récolte !

Même si rien n’est acquis avant le moulin, nous espérons que les olives vont continuer à bien se développer et nous commençons à organiser la récolte 2023. Nous avons commandé des petits bidons chez Polsinelli, que nous espérons pouvoir remplir du millésime 2023 tant attendu : après une année 2022 vierge, nos stock d’huile d’olive sont plus que vides !

L’été, c’est aussi l’occasion de super pique-nique en famille sous les oliviers ❤

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