Vous connaissez cette artiste qui travaille avec des feuilles d’olivier ? Non, pas encore. Mais allons la rencontrer ! Voilà comment, cet été, nous nous sommes retrouvés à la table d’un café parisien avec Amélie Chapleau, dentellière végétale, qui travaille (entre autres) les feuilles d’olivier. Bienvenue dans le monde magique d’Amélie ! 

La fibre végétale

Depuis toujours, Amélie sillonne les chemins, les forêts et les parcs en observant les fleurs, les herbes, les arbres et leurs feuilles, fascinée par leurs détails et leur finesse. La puissance créative de la nature est inégalable, mais pousse Amélie Chapleau à s’emparer des matières et à expérimenter pour révéler leur beauté naturelle. Peintre et dessinatrice, passionnée par l’artisanat japonais et formée par deux artistes de papier végétal Aïdée Bernard et Lolo Greenwish, Amélie Chapleau veut se mettre au volume…

Elle installe alors un atelier dans son appartement du IXème arrondissement de Paris, pour fabriquer ses œuvres de dentelle végétale. Elle travaille leur aspect décoratif, en fabriquant des papiers ou des panneaux, et artistique, en créant de véritables fresques sculptures où les végétaux sont combinés à des pigments naturels dans des compositions abstraites. 

Faire dans la dentelle d’olivier

Tout cela est bien beau, mais c’est du boulot ! Tout d’abord : trouver des feuilles d’olivier. Et oui, vu de Paris, ce n’est pas si facile. Amélie se fait expédier des feuilles issues de la taille des oliviers par un oléiculteur provençal. 

Ensuite : travailler les feuilles pour arriver à la fibre. Les feuilles d’olivier sont particulièrement robustes et épaisses. Tout d’abord, Amélie procède à la cuisson des feuilles avec de la soude pendant de longues heures, pour enlever la limbe. Puis, une étape clé et laborieuse l’attend avec le rinçage, pour enlever toute la matière organique et ne garder que la partie ligneuse. Enfin, l’assemblage des feuilles sur le tamis immergé dans de l’eau claire. Aucune colle dans ses compositions et papiers naturels : au séchage les fibres s’assemblent pour ne former qu’un tout. Il lui faut plus de 8h pour assembler un panneau de 40 x 60 cm. Quelle patience ! 

L’artiste a fait de nombreux essais pour arriver au résultat attendu. Temps de cuisson, nombre de rinçage, fragmentation des feuilles d’olivier, modes d’assemblage, de presse, de séchage, etc. des heures de travail pour que la magie opère et que la dentelle prenne forme, dans sa finesse et sa transparence. “Chaque feuille a son écriture” nous confie l’artiste en nous montrant les motifs de chaque feuille d’olive, qui a pu croiser un champignon, une bestiole ou un coup de chaud au cours de sa vie sur l’arbre. Et le résultat est pérenne – car la fibre, malgré sa finesse et son apparente fragilité, est un matériau solide – mais va évoluer dans le temps, car cela reste un matériau naturel et vivant.

D’ailleurs, un coup de vent fait s’envoler tous les échantillons de dentelle de feuille d’olivier que nous étions en train de regarder avec Amélie. Et, en effet, pas de dégât, c’est du solide ! 

Un travail qui porte ses fruits

Amélie Chapleau travaille à la communication du Théâtre de la Porte Saint-Martin, mais consacre de plus en plus de temps à ses créations artistiques, d’autant que la qualité de ses œuvres commence à être reconnue. Repérée par le créateur de revêtements décoratifs Adèle Collections, elle expose à la galerie Une Fille Aux Cheveux Noirs dans le cadre de la Paris Design Week 2023. Elle a également participé au salon Révélation pour présenter ses panneaux de revêtement mural en feuilles d’olivier. 

De plus, ses grandes sculptures de dentelle de lierre sont exposées pour la première fois au Salon des Beaux-Arts de Paris 2023. Un travail magnifique à la croisée de l’artisanat du papier froissé japonais (momigami) avec des pigments naturels de bleu de Prusse, et de la dentelle végétale de lierre dont le modelage lui a été inspiré par la feuille du Cancan croisée lors d’un voyage en Asie. 

Une belle rencontre, qui nous montre encore combien les plantes – et les oliviers bien sûr – sont une grande source d’inspiration pour les artistes, qui leur donnent une seconde vie par des œuvres qui voyageront à leur tour. 

Instagram Amélie Chapleau