C’est la période décisive pour la production à venir : qualité de la floraison au printemps, sécheresse ou clémence de l’été, présence de la redoutable mouche de l’olive et efficacité des gestes barrières… D’avril à septembre, on ne s’ennuie pas sur l’oliveraie ! Petit résumé des derniers mois, images à l’appui.
Avril – mai : un printemps bucolique
Après un mois de mars bien chargé, rien ne tel qu’un peu de repos sous les oliviers, au rythme des journées qui rallongent et du mercure qui remonte. Les mois d’avril et de mai ne sont en effet pas les plus éreintants dans la vie d’un oléiculteur, et laissent le temps de profiter de l’essor printanier.
Cela ne signifie pas pour autant qu’on chôme totalement. Les arbres à peine taillés, on en profite par exemple pour modeler à notre guise l’orientation de certains jeunes rameaux. Pour éviter qu’ils ne montent droits vers le ciel – ce qui n’est pas optimal pour la circulation de la sève, et rend la récolte plus compliquée – on leur suspend une pierre sous le poids de laquelle ils trouveront davantage de courbure.
C’est aussi la bonne saison pour s’occuper de l’enherbement. Nous avons certes fait le choix de laisser en permanence de l’herbe au sol (en surface, l’enherbement permet de réduire l’érosion liée au vent ou aux pluies intenses ; sous terre, les petites racines empêchent le sol de devenir trop compact), mais cela ne doit pas non plus devenir une jungle.
Avec les pluies et le soleil du printemps, les herbes et autres céréales sauvages peuvent en effet atteindre une hauteur considérable, ce qui pose notamment deux problèmes. D’une part, si ces herbes se développent en surface, elles se développent également sous terre, ce qui accroît la concurrence avec les oliviers pour capter les réserves d’eau. D’autre part, une végétation trop haute et touffue risque d’augmenter l’humidité au niveau du branchage des arbres, favorisant ainsi le développement des champignons néfastes à l’olivier, tels que l’oeil de paon.
Alors nous avons fait l’acquisition sur Le Bon Coin d’une vieille faux à l’ancienne, et nous sommes mis à faucher vergerettes, avoines, orges et comparses – tout en veillant à maintenir un havre de verdure pour préserver la biodiversité dans notre oliveraie.
Enfin pour nourrir encore le sol, après l’épandage de fumier à l’hiver, nous avons ouvert notre grimoire à la page du purin d’orties, particulièrement riche en azote – un élément essentiel à la croissance des arbres. Ayant précautionneusement récolté sur les rives du canal de Carpentras 2 kilos de l’urticante plante invasive, nous l’avons laissée fermenter plusieurs jours jusqu’à obtention d’une potion supposément magique, et en tous les cas très odorante. Un vrai plaisir olfactif à l’épandage !
Juin : une livraison de fleurs en retard
En Provence habituellement, les oliviers donnent leurs premières fleurs autour de la mi-mai. Cette année les conditions climatiques – et notamment un gel marqué début avril – ont repoussé la floraison de deux semaines, les premiers bourgeons n’éclosant que tout début juin. Cependant, après une récolte 2020 assez faible, nous espérions une floraison abondante et n’avons pas été déçus sur ce point. Attention à ne pas s’enflammer non plus : en moyenne, seule une fleur sur cent donnera naissance à une olive…
La floraison, c’est la période où on ne fait rien, à part prier les dieux de la météo. Pour une pollinisation optimale en effet, il faut d’une part du vent qui transporte les étamines – car les abeilles ne raffolent pas du pollen d’olivier et n’y butinent donc pas – et d’autre part qu’il ne pleuve pas, car l’eau empêche le pollen de se libérer et féconder le pistil. Donc on prie deux fois plus fort.
A l’issue de la pollinisation, nous avons rouvert notre grimoire, à la page purin de consoude cette fois-ci. La consoude est une plante herbacée qui pousse à peu près partout en zone tempérée, et dont les vertus sont connues depuis l’antiquité. Le purin de consoude, riche notamment en potassium et magnésium, est réputé favoriser la fructification des arbres. Il est par ailleurs relativement moins odorant que le purin d’ortie…
Sécheresse et mouches : c’est le retour de l’été
Encore traumatisés par l’arrivée prématurée de la mouche de l’olivier l’été dernier, qui nous avait causé de lourdes pertes sur une récolte déjà pas bien lourde, nous avons cette année opté pour une stratégie d’anticipation ! Dès la fin du mois de juin, nous dégainons ainsi 4 pièges à mouches répartis sur l’oliveraie, qui nous permettront tout au long de l’été d’évaluer la population et la pression de mouches.
En parallèle, nous pulvérisons dès la première semaine de juillet de l’argile blanche qui enveloppe les olives d’une fine pellicule, empêchant les mouches de pondre à l’intérieur. Cette barrière minérale s’efface néanmoins avec le temps, sous l’effet conjugué de la croissance des olives, de l’érosion par le vent et du lessivage par la pluie.
De début juillet à fin septembre, nous passerons ainsi 5 fois de l’argile, pour s’assurer d’une protection optimale. C’est une opération assez fastidieuse à chaque fois, qui prend une journée entière, avec un pulvérisateur thermique de 18 kilos sur le dos, sous un soleil de plomb et sans la moindre brise pour se rafraîchir puisqu’il est conseillé d’asperger en l’absence de vent. Mais c’est la garantie d’une certaine sérénité, car ce procédé se révèle très efficace contre la mouche – et est par ailleurs très respectueux de l’environnement et de la biodiversité. Fin septembre, nous n’avons ainsi pour le moment constaté aucune piqûre de mouche sur nos olives ! Joie !
Les deux derniers passages d’argile en septembre sont également l’occasion de se prémunir, avant le retour des pluies automnales, contre le développement de l’oeil de paon, ce champignon qui attaque les feuilles de l’olivier et provoque leur chute précoce, amputant ainsi la capacité de photosynthèse de l’arbre.
Le remède traditionnel contre les champignons en agriculture est le cuivre (la fameuse bouille bordelaise), que nous utilisons également mais dont nous substituons une partie par une autre recette issue de notre grimoire : la décoction de prêle des champs. Cette plante très répandue au printemps est en effet connue depuis de nombreux siècles pour son action anti-fongique. Ça tombe bien, il en pousse plein en bas de chez nous !
Désormais l’automne approche, et avec lui les températures qui s’adoucissent, les journées qui raccourcissent, et la récolte qui se précise ! Nous avons d’ores et déjà arrêté la date : elle se fera les 12 et 13 novembre. Il reste encore 5 semaines à nos olives pour développer leurs arômes au maximum.
Bel article ! Et bravo à vous deux pour ce long travail qui, je l’espère, sera récompensé par une très belle récolte !! Bises
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Merci ! On croise les doigts pour la récolte, mais ça s’annonce bien 🙂
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