Journal de l’oliveraie – Mars 2021

Après le repos hivernal, le retour des beaux jours annonce aussi celui du travail dans les champs d’oliviers. Au cours des deux dernières semaines de mars, nous n’avons ainsi pas chômé pour fumer le sol, tailler les arbres mais aussi creuser la terre ou encore remonter des murs de pierres sèches. Autant de soins apportés à l’oliveraie dont nous espérons être récompensés par une belle récolte à l’automne prochain. Sinon, la tradition s’est vérifiée : après mars 2020 et octobre 2020, cette nouvelle session d’activités agricoles a de nouveau été suivie d’un confinement…

Il est comment mon terrain ?

En vue des travaux dans l’oliveraie, nous avions assisté fin-janvier à une formation du Groupement des Oléiculteurs de Vaucluse sur l’entretien du sol (voir l’article ici). Quelques semaines plus tard, nous avons mis en pratique chez nous les conseils dispensés, en réalisant un profil de sol à plusieurs endroits de l’oliveraie, à l’aide d’une tarière, pour déterminer la profondeur de terre utile ainsi que sa typologie (argileuse, limoneuse ou sableuse). Connaître la capacité de stockage en eau de notre sol nous permettra d’ajuster le moment et les quantités d’eau à apporter en période de sécheresse… lorsque nous aurons réussi à mettre en place un système de récupération d’eau de pluie ! C’est un des chantiers pour l’année à venir.

Héloïse apprenant à se servir d’une tarière – © In Olio Veritas

Après avoir creusé ces petits trous, il s’avère que notre terrain dispose d’une réserve en eau utile assez importante. Nous serons néanmoins toujours contraints d’apporter de l’eau ponctuellement, car on voit bien que le climat devient de plus en plus sec et chaud. Pour la deuxième fois en 3 ans, il n’a ainsi pas plu une seule goutte au mois de mars…

Une belle carotte de terre (à dominante sableuse) – © In Olio Veritas

Fumez-moi ce sol, au galop !

Une fois connues les qualités de notre sol, il nous restait à le nourrir. Grâce à un bon plan déniché par Mathilde sur Le Bon Coin, nous avons trouvé à Caumont-sur-Durance une source en fumier de cheval, composté entre 1 et 2 ans. Et grâce aux nombreux bras de nos amis venus des quatre coins de la France et même d’Espagne, nous avons pu en emporter et en épandre environ 10 mètres cubes sur l’oliveraie.

Chargement du fumier de cheval dans la remorque prêtée par notre voisin Eric – © In Olio Veritas

Une fois « digéré » par les organismes qui vivent dans le sol, ce fumier sera en partie transformé en minéraux comme l’azote, le phosphore ou le potassium dont les arbres ont besoin pour se développer, faire pousser des feuilles et des fruits. Afin d’accélérer ce processus, nous avons stimulé la vie de notre sol en épandant du petit lait issu de la fabrication de fromage de notre amie Madeleine, car le petit lait contient de nombreuses bactéries aptes à digérer le fumier.

On répartit le petit lait au pied de chaque olivier – © In Olio Veritas

Idéalement, en verger non-irrigué comme le nôtre, le fumier ou le compost devraient être apportés plus tôt dans l’hiver. Nous y veillerons l’an prochain. Surtout, il doit être épandu juste avant des précipitations, de telle sorte à être incorporé dans le sol. Mais comme les pluies se sont faites rares, nous avons dû apporter de l’eau comme nous le pouvions : chaque jour pendant 2 semaines, nous avons ainsi apporté de chez nous 150 litres d’eau à l’aide de fûts alimentaires. C’est dérisoire mais psychologiquement on a l’impression d’avoir aidé les arbres… Bref, vivement qu’on la récupère cette eau de pluie (et qu’elle tombe).

On étale le fumier entre les rangées d’arbre – © In Olio Veritas

Un petit passage chez le coiffeur

L’an dernier, nous avions prodigué une taille sévère aux oliviers, qui n’avaient pas été coupés depuis 3 ans. Cette année, la taille s’annonçait donc plus légère, et nous avons décidé de travailler la hauteur des arbres, c’est-à-dire de les rabaisser un peu, pour que la récolte soit moins fastidieuse. L’an prochain, nous travaillerons à l’inverse la largeur, pour éviter que les branches de deux individus ne s’entremêlent.

Un individu après sa coupe printanière – © In Olio Veritas

Avant de nous lancer dans la taille, nous avons eu la chance de pouvoir accueillir sur l’oliveraie un cours particulier de taille dispensé par une professionnelle dans le cadre d’une formation organisée par la ferme oléicole des Callis à Gordes.

Mathilde s’en est ensuite donnée à cœur joie avec son sécateur électrique dans les arbres, tandis que Matthieu expérimentait la technique de l’incision annulaire sur les « gourmands » oubliés, ces longs rameaux très vigoureux qui pompent la sève au détriment de la branche sur laquelle ils sont assis.

Mathilde perchée dans un olivier – © In Olio Veritas

Et en attendant que notre cher voisin Eric ne vienne broyer les branches ainsi coupées, nous avons débité en bûches et petit bois tout le calibre trop gros pour la broyeuse. De quoi nous chauffer pour l’hiver 2023 : il est en effet conseillé de laisser le bois sécher pendant 2 ans pour améliorer le rendement de sa combustion.

Du bois pour l’hiver … 2023 ! – © In Olio Veritas

Sans oublier la coloration cuivrée

Tailler les arbres, ce n’est pas le tout. Il faut aussi protéger les feuilles des champignons qui les menacent avec le retour du printemps, et notamment le redoutable « œil de paon » qui provoque la chute des feuilles et donc l’affaiblissement progressif de l’olivier.

Des feuilles victimes de l’œil de paon

Le fongicide le plus répandu dans l’agriculture, y compris biologique, demeure le cuivre (la fameuse bouillie bordelaise), avec des doses maximales à ne pas dépasser. Le principal inconvénient du cuivre, si on en utilise trop, est en effet de s’accumuler dans la terre sous l’effet des pluies et de créer à la longue une couche continue qui vient « bloquer » le sol et empêcher les transferts entre la surface et les couches plus plus profondes.

Pulvérisation antifongique en cours ! – © In Olio Veritas

Pour éviter cela nous réduisons autant que possible la quantité de cuivre que nous utilisons, et nous avons cette année testé l’adjonction d’une autre solution beaucoup plus naturelle : une décoction de prêle des champs. La prêle est une plante qui pousse un peu partout au printemps, riche en silice, en calcium et en potasse, et dont les vertus antifongiques sont connues depuis des siècles. Nous avons ainsi pulvérisé sur nos arbres tout juste taillés, avec l’aide de notre amie Pauline descendue de Lyon pour l’occasion, un mélange à base d’eau, de cuivre et de prêle.

Un vrai petit atelier de chimie – © In Olio Veritas

« Build that wall« 

Notre région se caractérise par les magnifiques murs de pierre sèche qui s’alignent le long des routes et sentiers, pour retenir le sol des terrasses agricoles. Magnifiques … jusqu’au jour où ils s’écroulent. Les amis venus nous aider ont ainsi pris l’initiative de remonter certains de ces murs, après avoir suivi une formation express grâce à un tutoriel sur Youtube !

Un bout de mur en bordure de notre parcelle – © In Olio Veritas

Pendant ce temps-là, Brigitte la maman de Mathilde s’est employée à débarrasser le mur qui longe la parcelle de tout le lierre ou autres plantes invasives qui prenaient racine entre les pierres, tandis que son père Jean-Michel débroussaillait les pourtours de la parcelle là encore pour préserver les murs. Il reste encore du boulot mais nous avons déjà une bonne partie qui aura ainsi été restaurée !

JMT en train de faire joujou avec la tronçonneuse – © In Olio Veritas

Voilà donc un mois de mars sur l’oliveraie. La pluie a fini par tomber les 10 et 11 avril, redonnant un peu de force au sol qui commençait à souffrir de la sécheresse. A bientôt pour de nouvelles aventures oléicoles !

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