Fin septembre, nous étions sur l’oliveraie (ou plutôt sous les oliviers), pour appliquer une dernière protection minérale à l’argile, évaluer la maturité des olives pour prévoir la date de récolte et assister au salon Oléatech, le rendez-vous des professionnels de l’oléiculture. Mais, comme d’habitude, rien ne s’est passé comme prévu !
Maturité précoce
Quelle ne fut pas notre surprise, en effet, de constater que nos olives étaient bien plus mûres que ce à quoi nous nous attendions, certaines virant déjà du vert au violet : c’est ce qu’on appelle la véraison, qui est le signe que les olives sont quasi prêtes à être récoltées. Il se trouve que cette précocité concerne la plupart des terroirs du sud-est de la France où l’on remarque cette année une maturité en avance de deux semaines environ par rapport aux moyennes habituelles.
Cette situation est due à une conjonction de facteurs climatiques, et notamment la clémence de l’hiver dernier qui a conduit à un sommeil végétatif plus court et donc à un réveil printanier anticipé de nos oliviers. Ce que nous avions d’ailleurs pu constater déjà en mai dernier, avec une floraison intervenue elle aussi en avance par rapport aux années précédentes. Le fort ensoleillement de cet été (pas de pluie entre le 15 juin et le 31 août à Cabrières-d’Avignon) a également permis aux olives de mûrir à toute vitesse.
Nous avons donc décidé d’avancer la récolte de deux semaines, pour coller au plus près du cycle des olives et garantir le plus de fraîcheur, d’intensité, d’amertume et d’ardence possible à notre huile d’olive. Plus les olives sont récoltées mûres, plus l’huile qui en est extraite est douce, c’est-à-dire dénuées des saveurs et arômes qui en font pourtant – à nos yeux et nos papilles – toute sa richesse. Tous les mouliniers de la région se sont d’ailleurs adaptés à la situation en décidant d’ouvrir leurs moulins une ou deux semaines plus tôt que les années précédentes.
Réaction en chaîne : en avançant la récolte de mi-novembre à fin octobre, la dernière application d’argile que nous prévoyions de faire s’est avérée inutile. Pourquoi ? Parce que la larve pondue par la mouche de l’olive met environ un mois à se développer à l’intérieur du fruit avant de creuser un trou vers la sortie. Or c’est ce trou qui est dangereux pour l’olive, mettant sa chair au contact de l’air et provoquant ainsi l’oxydation du fruit.
À un un peu moins d’un mois de la récolte, plus besoin donc de protéger les olives contre les piqûres de mouche. Et tous les spécialistes nous l’assurent : pas de risque pour le goût de l’huile si les olives contiennent quelques larves, le réel danger c’est l’oxydation des olives quand sont sorties les jeunes mouches !
Oléatech : le salon des solutions en pagaille
De la mouche et ses dégâts, il en a beaucoup été question à Oléatech. Oléaquoi ? Tous les 2 ans, les principaux acteurs de l’oléiculture française organisent leur salon interprofessionnel, dont l’édition 2020 a cependant été longtemps menacée par la crise du Covid. Mais avec une grande partie du salon installée à l’air libre (c’est l’avantage de la Provence…) et une bonne dose de gestes barrières, l’organisation a pu être maintenue.
Dans ce salon, de nombreux stands de professionnels en tous genres se côtoient : on peut y trouver tout aussi bien des revendeurs de tracteurs, pulvérisateurs ou moulins à huile de grandes marques agricoles internationales que de jeunes entrepreneurs surfant sur l’essor des pratiques alternatives (mycorhizes, oyas… autant de nouveaux mots à ajouter à notre glossaire oléicole).
À l’intérieur du Moulin du Clos des Jeannons, qui accueillait cette année le salon, les visiteurs peuvent également assister tout au long de la journée à des conférences techniques sur la productivité de l’olivier, les engrais verts, l’irrigation, etc. On en ressort avec beaucoup d’informations mais aussi de questions sur les meilleures techniques à mettre en œuvre sur notre propre parcelle : quel type d’engrais vert privilégier pour nos arbres, quand faut-il le broyer et l’enfouir dans le sol, avec quels ustensiles ? Comment optimiser la floraison de nos arbres au printemps ? Faut-il concevoir un système d’irrigation ?… Bref, autant de questions auxquelles les réponses passeront probablement par beaucoup d’expérimentations in situ.