Mariam’s Gold – Liban

  • Producteur : Anne Fawaz
  • Marque : Mariam’s Gold
  • Année d’établissement : 2005
  • Lieu : Deir Mimas, Liban
  • Oliveraie : 9 hectares, 2000 arbres
  • Variétés : Souri
  • Récolte : début octobre
  • Moulin : en propre, dédié à l’huile biologique
  • Production : 5000 litres par an
  • Autres produits : olives de table, huile au citron
  • Spécificités : biologique

L’huile d’olive de mon enfance

Anne Fawaz est pianiste professionnelle à Vienne lorsque son père décède en 2005. Elle hérite alors avec sa sœur de 9 hectares d’oliviers à Deir Mimas, le village de son enfance où elle n’a pas remis les pieds depuis la guerre des années 1980. Dans un élan de folie, elle décide de changer de vie et de relancer l’activité de sa grand-mère Mariam : produire de l’huile d’olive ultra-biologique. Si ce n’est pas facile tous les jours, Anne ne regrette pas son choix. 

Bienvenue à Deir Mimas, petit village bordé d’oliviers au sud du Liban. – © In Olio Veritas

In Olio Veritas – Bonjour Anne, merci de nous accueillir ! Comment passe-t-on du piano à l’huile d’olive ?

Anne Fawaz – Quand cette opportunité s’est présentée, je vivais à Vienne avec mes enfants, mais je commençais à souffrir d’arthrose des mains, une maladie fréquente chez les pianistes professionnels. Il me fallait dans tous les cas lever le pied et trouver une autre activité. J’ai alors repensé à ma grand-mère Mariam heureuse durant toute sa vie de productrice d’huile d’olive à Deir Mimas et ces souvenirs d’enfance m’ont poussée à creuser le sujet. Je suis allée me former en Italie et, de fils en aiguilles, j’ai tissé la trame de ce projet que j’ai nommé Mariam’s Gold, l’or vert de ma grand-mère. Je suis revenue à Deir Mimas avec beaucoup d’émotion. J’avais peur d’être déçue et d’avoir tout idéalisé. Mais je suis immédiatement retombée sous le charme du village et de la région.

Une des parcelles de l’oliveraie d’Anne à Deir Mimas. – © In Olio Veritas

IOV – Dans quel état était l’oliveraie quand vous êtes revenue à Deir Mimas après les guerres ?

Anne Fawaz – Si les bombes de la guerre n’ont pas trop endommagé les arbres, les différentes parcelles étaient en friche depuis 30 ans. J’ai donc eu un gros boulot de nettoyage et de remise en forme des sols pour relancer la culture des oliviers en agriculture biologique. Mes arbres ont entre 60 et 500 ans au moins et sont tous des Soury, une variété assez fragile qui nécessite de l’entretien pour produire des fruits. J’ai pu mettre en place un système d’irrigation pour les parcelles en plaine près des sources, mais je ne peux pas irriguer celles qui se trouvent sur la colline. J’aimerais pouvoir prendre encore plus soin de mes arbres, mais je n’ai pas les moyens aujourd’hui.

« Au pied de mon arbre, je vivais heureux… » G. Brassens. – © In Olio Veritas

IOV – Comment vous organisez-vous entre Vienne et Deir Mimas au moment de la récolte ?

Anne Fawaz – Je vis à Vienne mais je passe quatre mois de l’année à Deir Mimas de septembre à décembre : un mois pour préparer la récolte, deux mois pour récolter et presser, et un mois de bureaucratie pour les formalités d’exportation. Durant les deux mois de récolte, j’emploie une petite dizaine de travailleurs Syriens pour m’aider. Comme nous sommes dans une zone protégée de l’ONU avec un barrage strict, il est difficile de trouver de la main d’œuvre à cette période et les oléiculteurs s’arrachent les travailleurs Syriens car peu de Libanais ont ces compétences. Les ouvriers récoltent les olives avec des peignes électriques ou des bâtons, puis nous trions les olives abîmées par la mouche de l’olive (5% en début de récolte, mais jusqu’à 40% fin novembre, une plaie). Et nous pressons l’huile le jour même. Je fais une cuvée par parcelle et par jour, que je ne mélange pas ensemble pour pouvoir bien observer les résultats de mes expérimentations. 

Loin de la vie viennoise policée, Anne adore se promener en 4×4 dans son oliveraie. – © In Olio veritas

IOV – Quel boulot ! Et comment assurez-vous une production biologique avec les moulins partagés ?

Anne Fawaz – C’était un problème en effet, que j’ai résolu en 2010 en investissant dans mon propre moulin 3 phases dédié à la production biologique. Après avoir fait le tour de tous les moulins des coopératives de la région, j’ai compris que je ne pourrais pas avoir la main sur cette étape décisive qu’est la presse et que, comme peu de producteurs sont intéressés par le biologique, mon huile serait forcément contaminée par des résidus de produits chimiques contre lesquels je me bats. La construction du moulin a coûté 250 000 €, que j’ai partagés avec mon voisin oléiculteur et expert technique Anouar.

Le moulin de d’Anne et Anouar à Deir Mimas. – © In Olio Veritas

IOV – Le Bio ne semble pas très répandu au Liban. Quelles sont les certifications ?

Anne Fawaz – J’ai aujourd’hui deux types de certification : le label Bio libanais, l’IMC (Istituto Mediterraneo di Certicacione), que j’ai obtenu pour mon huile mais aussi pour le moulin, et la certification autrichienne LVA (Lebensmittel-Versuchsanstalt) qui me permet de vendre en Bio à Vienne. C’est beaucoup de paperasse, mais c’est important pour moi de prouver que je fais les choses bien.

IOV – Vous vendez donc à Vienne. Quels sont vos principaux canaux de distribution ?

Anne Fawaz – Je vends principalement en Autriche, via mon site de e-commerce et sur un marché de producteur hebdomadaire. Avant, je vendais aussi dans une coopérative bio autrichienne, mais avec l’arrivée de l’huile biologique tunisienne les prix sont cassés : je ne peux pas concurrencer leur prix de gros de 3€/L quand mes coûts de production et d’exportation sont quasi de 10€/L. Au Liban, c’est encore plus compliqué car le marché de l’huile d’olive extra vierge biologique n’existe pas et le prix des huiles est en chute libre depuis 2010, notamment à cause de la contrebande des huiles syrienne. J’ai quelques clients particuliers à Beyrouth, mais je préfère me concentrer sur l’exportation.

IOV – Quels sont vos projets pour la suite ?

Anne Fawaz – Je continue a expérimenter dans mon oliveraie pour produire la meilleure huile possible avec des pratiques biologiques, et j’essaie d’améliorer le rendement des olives qui n’est que de 15% aujourd’hui. J’aimerais pour cela pouvoir mieux irriguer mes parcelles de montagne, en construisant par exemple un moulin à vent pour drainer l’eau. Mais je suis à cours de fonds, donc cela ne restera pour l’instant qu’un rêve !

Pour en savoir plus sur Mariams, voici son site web

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