- Producteur : famille Minami
- Marque : Toyo Olive
- Année : 1955
- Lieu : Teshima et Shōdoshima, Kagawa, Japon
- Oliveraie : 25 Ha, 12 000 arbres
- Variétés : Mission, Lucca, Manzanillo, Nevadillo Blanco, Sainte-Catherine, Retuccino, Frantoio, Arbequina, etc.
- Récolte : d’octobre à décembre, à la main
- Moulin : en propre, seul gros moulin Pieralisi 1-3 tonnes du Japon
- Production : 10 000 L par an
- Autres produits : olives saumurées, huiles raffinées, cosmétiques et nombreux autres produits dérivés + import
- Spécificités : plus gros producteur du Japon avec 25% de la production totale
Toyo Olive, le seul producteur industriel d’huile d’olive au Japon
Avec 25% de la production d’huile d’olive du Japon, l’entreprise Toyo Olive a toujours été pionnière en la matière. Et elle ne compte pas s’arrêter là ! En fin stratège, elle profite du tourisme de l’olive à Shōdoshima, diversifie son offre en proposant de nombreux produits dérivés de l’olivier, et se lance dans l’import d’huiles étrangères revendues sous sa marque au Japon. Visite de l’usine de Shōdoshima avec Takahiro Sasaki, sympathique responsable des relations publiques.

In Olio Veritas – Merci de nous ouvrir les portes de l’usine. À quand remonte la création de Toyo Olive ?
Takahiro Sasaki – C’est une affaire de famille liée à la Grèce. Dans les années 1950, le grand-père de notre gérante actuelle, Shunji Minami, était à la tête d’une entreprise de transport maritime – Toyo Shipping Cie – assez introduite dans la jetset grecque pour les affaires. C’est lors d’une réception chez l’armateur Aristote Onassis, en dégustant une bonne huile d’olive grecque, qu’il a eu l’idée de fonder une filiale de son groupe dédiée à l’huile d’olive : Toyo Olive. Dès le début en 1955, nous avons pu voir les choses en grand grâce à de solides investissements : plusieurs hectares d’oliviers à Teshima, une usine à Shōdoshima avec le premier moulin à olive du Japon dès 1963 et une bonne connexion avec les institutions locales. Nous sommes aujourd’hui 35 employés chez Toyo Olive.

IOV – Toyo Olive est clairement à l’avant-garde technologique pour la production japonaise d’huile d’olive. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos machines ?
Takahiro Sasaki – Après avoir commencé avec un moulin en pierre, l’entreprise a rapidement acquis un Alpha-Laval de 300 kg/heure, qui était alors le plus gros moulin du Japon. Il a longtemps rendu service, mais nous avons surenchéri l’année dernière en nous équipant d’un moulin Pieralisi ultra-moderne. Ce n’est certainement pas très impressionnant pour vous en Europe, mais au Japon c’est une première ! J’ai personnellement accompagné notre présidente Yasuko Minami au siège de Pieralisi en Italie, au printemps dernier, pour le choisir. Toutes ces machines nous permettent d’améliorer constamment les rendements mais aussi la qualité de nos huiles d’olive premium.

IOV – Avec ça vous allez pouvoir produire encore plus ! Jusqu’où souhaitez-vous aller ?
Takahiro Sasaki – En réalité, la production d’olive est limitée à Shōdoshima et dans le reste du Japon. En raison du relief montagneux et volcanique, les terres arables sont rares dans le pays – 13% du territoire dont 54% dédiées à la riziculture – et le climat rend l’activité très fluctuante. En 2018 par exemple, à cause de la forte saison des pluie de juin et des trois typhons de septembre, nous n’avons pu récolter que 80 tonnes d’olives, soit 20 tonnes de moins qu’en 2017. De plus, les rendements des olives en huile sont faibles à cause de l’humidité, de 10% en moyenne à moins de 6% pour la variété Mission si prisée ici. Objectivement, je pense que notre capacité de production d’huile d’olive au Japon est plafonnée à 10 tonnes par an.

IOV – Toyo est un groupe industriel dynamique. Quelles sont alors vos perspectives de croissance ?
Takahiro Sasaki – Tout d’abord, au fil des années, nous avons diversifié notre offre de produits. A partir des variétés Mission et Manzanillo, nous fabriquons des olives de table à la japonaise, c’est à dire saumurées pendant deux semaines mais pas marinées. Les Japonais sont très friands de ce genre d’olives.

De plus, pour répondre à une forte demande des touristes japonais en visite sur l’île de Shōdo, nous avons développé une gamme de cosmétiques à base d’huile d’olive sous la marque Toléa. Nous produisons les crèmes à l’huile d’olive extra vierge Toyo dans cette usine. Le reste est sous-traité à Osaka pour des raisons de coût et d’espace.

En complément de ces deux gammes de produits phares, nous avons d’autres produits dérivés à base d’olive. De la tapenade comme en Europe, mais aussi de la confiture d’olive et des confiseries. Vous voulez goûter ?
IOV – Avec plaisir, nous sommes curieux d’en savoir plus sur tous ces dérivés de l’olive sucrés !
Takahiro Sasaki – Pour les olives au sucre, nous importons des olives dénoyautées d’Espagne, dans leur saumure. Ces olives au sucre sont vendues en bonbon, mais aussi transformées en confiture, enrobées de chocolat comme une truffe, ou cuisinées en provolone. Les Japonais considèrent l’olive comme un aliment aussi bien sucré que salé.

IOV – Vous importez donc des olives en complément de celles que vous cultivez. Qu’en est-il de l’huile d’olive ?
Takahiro Sasaki – C’est notre deuxième axe majeur de développement : l’import d’huiles étrangères. Nous croyons que les huiles d’olive raffinées ont un bon potentiel de marché au Japon, comme huile de cuisson. En effet, pour cuisiner, les Japonais recherchent des huiles à l’odeur, la couleur et le goût neutres, pour ne pas altérer l’harmonie gustative des autres ingrédients. Nous raffinons donc des huiles d’olive extra vierge d’Espagne ou d’Australie pour leur enlever leur couleur, leur odeur et leur saveur.

IOV – C’est très étonnant pour nous méditerranéens ! Est-ce clair pour le consommateur qu’il ne va pas retrouver les saveurs et les bienfaits de l’huile extra vierge dans ces huiles raffinées ?
Takahiro Sasaki – Oui, c’est clairement indiqué sur l’étiquette. Les consommateurs choisissent ce produit par eux-mêmes. Le prix est inférieur à celui des huiles premium produites localement, 40 euros le litre contre 200 euros pour l’huile extra vierge de Shōdoshima, et nous espérons que cette huile raffinée va entrer dans les habitudes de cuisine des japonais.

IOV – Vous importez des huiles d’olive extra vierges pour les raffiner. Mais aussi pour les revendre sous votre propre marque, n’est-ce pas ?
Takahiro Sasaki – Tout à fait. Le raffinage n’est qu’une partie de l’import. Nous mettons aussi en bouteille des huiles extra vierges d’autres pays, que nous vendons comme des huiles Toyo Olive mais avec une mention claire du pays d’origine. Nous souhaitons capitaliser sur notre bonne réputation de marque issue de la qualité de notre propre huile extra vierge de Shōdoshima, pour vendre d’autres produits que nous sélectionnons. Les consommateurs nous font confiance et sont heureux de trouver différents produits à différents prix.

IOV – Avez-vous d’autres activités complémentaires chez Toyo Olive ?
Takahiro Sasaki – C’est anecdotique mais ça vaut le coup d’être signalé : dans une démarche zéro déchet, nous transformons les grignons (les résidus après extraction de l’huile) en nourriture pour les vaches grâce à deux petites machines de séchage dédiées. Nous vendons les 2 tonnes de poudre produite chaque années par sacs de 20kg aux éleveurs des fameux « bœufs olive », très recherchés dans la région ! Les autres résidus organiques, notamment les branches issues de la taille, sont réduites en compost que nous utilisons pour fertiliser les oliveraies.

IOV – Merci Takahiro Sasaki !
Après un tour d’une des oliveraies à flanc de colline, nous essayons tous les produits de la boutique et Takahiro Sasaki nous offre une belle bouteille de leur huile premium de Shōdoshima. Il y en a en effet pour tous les goûts chez Toyo !

Pour en savoir plus sur Toyo Olive :
- Leur site web
- Leur page Facebook
- Leur compte Instagram
- Un article de Ethiad airlines
- Leur profil sur Olio Nuovo Days
- Classement Flos Olei 2019
Retrouvez tous nos articles sur l’huile d’olive au Japon, ici.
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3 réflexions sur “東洋オリーブ Toyo Olive – Japon”