- Producteur : famille Kiyoshi
- Marque : Shonan Olive
- Depuis : 2016 (première récolte)
- Où : Shonan, Préfecture de Kanagawa, Japon
- Oliveraie : 3 000 arbres
- Variétés : Mission, Lucca, Koroneiki, Nevadillo Blanco, Picual, Frantoio.
- Récolte : octobre et novembre, à la main
- Moulin : en propre, modèle Oliomio 50kg/heure
- Production : 50 L la première année, 30 L la seconde (typhon)
- Spécificités : huile, foot et pierres tombales.
De la mise en bière à la production d’huile d’olive
Makabe Kiyoshi est un entrepreneur à succès, à la tête du groupe familial fondé par son grand-père il y a près de 100 ans, et dont les activités vont du paysagisme au football professionnel, en passant par les pierres tombales et la composition de cimetières. En 2014, Makabe Kiyoshi et son père ont décidé d’ajouter une corde à leur arc avec l’oléiculture, convaincus que des oliviers pourraient s’épanouir dans cette partie du Japon.

In Olio Veritas – Makabe Kiyoshi, merci de nous recevoir dans votre oliveraie. Avant de parler d’huile d’olive, pourriez-vous nous éclairer sur les autres activités du Groupe Shonan ?
Makabe Kiyoshi – Mon grand-père a commencé dans les années 1920 en tant que pépiniériste. Ensuite la société s’est progressivement diversifiée : dans l’horticulture et le paysagisme d’abord, puis dans la fabrication de pierres tombales, et enfin dans la construction et l’aménagement de cimetières. Nous sommes également présents dans le football puisque j’ai repris les rênes du FC Shonan Bellmare en 2005, qui évolue aujourd’hui en première division japonaise.
IOV – Mais alors que vient faire l’huile d’olive dans tout cela ?
Makabe Kiyoshi – Pour nos activités de pépiniériste et paysagiste, nous avons de nombreux terrains arboricoles. Certains sont cultivés et d’autres sont en friche, sur lesquels un ami de la famille nous a suggéré il y a 5 ans de planter des oliviers. Et en effet nous croyons que les conditions s’y prêtent : le climat de la région, à 2 heures au sud de Tokyo, est assez proche de celui de Shodoshima, avec simplement un peu plus de pluie, tandis que l’acidité du sol est en train d’être corrigée par des ajouts alcalins. Surtout nous pensons que le marché de l’huile d’olive au Japon va connaître une forte croissance dans les années à venir, et nous souhaitons être de la partie.

IOV – Vous avez donc commencé de zéro. Comment vous êtes-vous organisés, comment avez-vous appris ?
Makabe Kiyoshi – J’ai embauché deux personnes à temps plein pour s’occuper des arbres. Pour l’apprentissage, nous nous sommes fiés à ce qui se fait de mieux au Japon en la matière, à savoir Shōdoshima. Les arbres que nous avons plantés viennent tous de là-bas, et nous bénéficions des conseils avisés de Monsieur Chibata, qui a veillé pendant 50 ans sur les oliveraies de Toyo Olive et a pris sa retraite à peu près au moment où nous sommes lancés. Enfin pour les deux premières récoltes en 2017 et 2018, nous avons carrément envoyé nos olives à Shōdoshima pour les y faire presser.

IOV – Jusqu’à Shodoshima ? Mais ce n’est pas la porte à côté…
Makabe Kiyoshi – En effet, et il est arrivé que les livraisons aient un peu de retard. Mais c’est un problème résolu puisque nous avons fait l’acquisition il y a quelques mois de notre propre moulin, un petit modèle qui nous permettra à l’avenir de traiter 50 à 80 kilos d’olives par heure. Nous avons fait les premiers essais et réglages lors de la dernière récolte, mais ce n’est qu’à l’occasion de la prochaine qu’il tournera vraiment !

IOV – Comment se sont déroulées ces deux premières récoltes justement ? Étiez-vous satisfaits du résultat ?
Makabe Kiyoshi – Les arbres étant très jeunes, ils donnent encore peu de fruits. Et le rendement en huile des olives, comme partout ailleurs au Japon, est assez faible : de l’ordre de 7% à 8%. La première année nous avons pu produire une cinquantaine de litres, ce qui était encourageant. Mais en 2018, le typhon qui a frappé la region juste avant la récolte (voir par ailleurs notre article sur Enshu Olives) a affecté considérablement la production, et nous n’avons pu sortir qu’une trentaine de litres. On verra comment les choses se passent cette année, et on espère ne pas connaître la même mésaventure.

In Olio Veritas – Avec 3 000 arbres, vous commencez relativement fort en comparaison avec la plupart des autres oléiculteurs du pays. Une manière d’affirmer votre ambition ?
Makabe Miyoshi – Nous avons la chance de disposer à la fois de moyens financiers et de terrains. Le sommet de la colline est d’ailleurs en train d’être terrassé pour pouvoir accueillir une nouvelle génération de jeunes plants, que nous ferons probablement venir d’Espagne ou d’Italie cette fois. Mais nous restons humbles, car nous débutons à peine. Nous allons commencer calmement, en vendant notre production localement. Quand nous aurons davantage de volume, on pourra envisager d’autres moyens de commercialisation, notamment en ligne. Mais chaque chose en son temps, et pour l’heure il importe avant tout de construire notre marque. Compte tenu de nos faibles niveaux de production, je réfléchis à importer de l’huile d’Europe pour augmenter les volumes. Mais je ne suis pas sûr que le jeu en vaille la chandelle.

On verra bien ! En attendant, cette nouvelle activité m’apporte beaucoup de plaisir et une certaine relaxation quand je viens dans l’oliveraie, une à deux fois par semaine, pour contempler les arbres et le paysage.
IOV – Merci beaucoup pour la visite.
Pour lire et relire tous nos autres articles sur l’huile d’olive au Japon, c’est par ici !
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