- Producteur : Antonello Altarbiah
- Marque : –
- Depuis : 2015
- Lieu : Trabia, Sicile, Italie
- Oliveraie : 1,5 ha, 120 arbres
- Variétés : Olialora
- Récolte : fin novembre
- Moulin : d’un producteur ami à Ventimiglia di Sicilia
- Production : 1000L par an
- Autres produits : poires, figues, citrons et agritourisme
- Spécificités : biologique
Un rêve de famille à l’épreuve de la réalité oléicole
C’est dans le petit village de Trabia, surplombant la mer à vingt minutes à l’Est de Palerme, que la famille Altarbiah a décidé de changer de vie et de réaliser son rêve : produire de l’huile d’olive loin du chaos de la ville. Après quatre années dans ce cadre paradisiaque, ils ne regrettent pas leur choix mais réalisent que ce n’est pas un métier facile. Rencontre avec le père et le fils.

In Olio Veritas – Salve Antonello e Francesco. Racontez-nous comment vous êtes arrivés ici.
Antonello – Nous sommes une famille de Palerme, nous y vivions péniblement, à un rythme effréné. J’étais ingénieur mécanique dans l’automobile, mon fils était barman mais aussi jardinier, et sa femme dentiste. Un jour, l’opportunité s’est présentée d’acheter l’oliveraie d’un Sicilien parti s’installer à Rome. Autour d’un repas de famille, nous avons décidé de changer de vie, tous ensemble. Nous étions surexcités !

IOV – Dans quel état avez-vous récupéré le terrain ?
Antonello – Sauvage ! La parcelle était à l’abandon depuis sept ou huit ans. C’était presque difficile de distinguer les oliviers parmi les herbes hautes et les autres arbres fruitiers. Nous avons passé des mois à tout dégager, puis nous avons planté un grand potager entre la maison et l’oliveraie. Nous voulions cultiver des légumes et des fruits en plus des olives, pour faire nos sauces et conserves maison, et lancer notre restaurant de produits locaux. Il y avait même des pastèques tout le long de la piscine !
IOV – Et comment vous êtes-vous formés à l’oléiculture ?
Antonello – Je n’ai rien fait de spécial, car on m’a dit que la culture des oliviers était particulièrement facile. La région est réputée pour son sol peu acide et un climat très propice à l’oléiculture : ici on parle de « l’or vert de Calamigna ». J’ai fait appel à un ouvrier agricole local pour nous aider à tailler les oliviers. On a coupé tout le haut des arbres afin que les branches soient accessibles pour la récolte et le coeur pour la lumière. Et c’est tout. Maintenant on attend que ça pousse et on récoltera fin novembre.

IOV – Fin novembre, c’est assez tardif non ?
Antonello – Selon moi, c’est la meilleure période pour avoir un maximum d’huile dans les olives, qui sont bien noires. Je ne comprends pas mes voisins qui pressent des olives vertes. En 2017 nous avons obtenu 1000 litres de nos 120 oliviers, nous étions satisfaits. 2018 a été une année beaucoup moins productive, sûrement à cause de la mouche de l’olive qui a ravagé la Sicile.
IOV – Comment affrontez-vous les parasites et maladies de l’olivier ?
Antonello – Nous cultivons tout en biologique et, à vrai dire, nous n’intervenons pas beaucoup dans l’oliveraie. J’ai entendu parler de pièges à protéines ou de poudre de cuivre autorisée en bio, mais pour l’instant nous n’avons pas essayé. Ce qui me fait le plus peur ce sont les pluies d’orage l’été, cela peut mettre par terre tous les fruits.

IOV – À qui et combien vendez-vous votre huile d’olive ?
Francesco – Sur les 1000 litres que nous produisons les bonnes années, nous en gardons 200 pour notre famille et le restaurant, et nous vendons le reste à des connaissances. Le prix dépend de la quantité d’huile que nous avons obtenue. Les années productives nous pouvons descendre à 7€ le litre, les mauvaises comme 2018 à 12€. Nous faisons aussi des échanges avec les producteurs voisins.

IOV – Et quelles sont vos plans pour les années à venir ?
Francesco – Nous sommes en train d’acheter le terrain de notre voisin pour agrandir notre oliveraie et produire davantage. Mais en réalité ce n’est pas sur la vente d’huile d’olive que nous misons, car les rendements sont trop aléatoires. Nous avons lancé une activité d’hébergement en agrotourisme avec un restaurant de produits locaux. Les touristes, mais aussi les Palermitains en manque de nature, affluent de juin à septembre, et cela occupe toute la famille à temps plein. Je dirais donc en conclusion que le calme de la campagne est tout relatif !
