Fonctionnaire approchant l’âge de la retraite, Ali Sadeghi prépare ses vieux jours en plantant, avec deux acolytes, une oliveraie de 50 hectares dans le village de Shiah Push, à 1 heure et demi de route de Qazvin où il réside et à 30 minutes de son village natal, Niyarak. Il nous explique son projet à la faveur d’une visite de son oliveraie encore en friche.
In Olio Veritas – Monsieur Ali, bonjour et merci pour votre accueil. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots votre projet de reconversion dans l’oléiculture ?
Ali Sadeghi – Soyez les bienvenus. Je m’appelle Ali Sadeghi, fonctionnaire bientôt à la retraite, et avec deux de mes amis nous avons décidé d’investir nos économies dans la plantation d’une oliveraie près du village de Shiah Push, dans la région de Roudbar. Nous avons chacun acheté une quinzaine d’hectares contigus et sommes en train d’y planter de jeunes oliviers qui donneront des fruits d’ici 3 à 5 ans. Nous sommes trois propriétaires distincts mais ferons tout en commun, à commencer par la construction de notre fabrique et l’achat d’un moulin d’ici un an ou deux. L’idée étant de récolter et presser nos olives ensemble.

IOV – Qu’est-ce qui pousse un fonctionnaire comme vous à investir le champ de l’oléiculture à 60 ans passés ?
A.S. – J’ai grandi dans cette région, qui est le haut lieu de la production d’olives en Iran. J’ai donc toujours baigné dans cette culture et c’est pour moi une démarche assez naturelle que de me tourner – enfin – vers l’oléiculture. Mon meilleur ami, qui vient du même village que moi, a quant à lui consacré sa vie entière aux oliviers et m’apporte déjà de précieux conseils. Je bénéficie aussi de l’aide des autres oléiculteurs alentours, et notamment les agronomes de la société Nazari qui plantent eux aussi une nouvelle oliveraie à quelques encablures d’ici. C’est pratique quand on a une question ou un problème à résoudre.

IOV – Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous pouvez faire face ?
A.S. – Le processus en lui-même n’a rien de difficile, mais il est fastidieux. La préparation du sol par exemple : il est pauvre en nutriments et il faut donc y ajouter du compost. Ou bien l’installation de tout le réseau d’irrigation, très important compte tenu du peu de pluie que nous recevons ici. En ce qui me concerne, je fais face à une difficulté supplémentaire : une partie de ma parcelle est située sur une colline, que nous sommes donc en train de terrasser pour pouvoir y planter les arbres à plat.

IOV – C’est beaucoup de travail, et certainement un investissement financier important. Voyez-vous un fort potentiel économique dans ce projet ?
A.S. – Bien sûr, sinon je n’irais pas. Certes, cela représente pour nous trois un investissement important aujourd’hui, mais dans à peine 3 ans on commencera à en récolter les fruits, dans tous les sens du terme. Dans 4 ans la récolte sera encore meilleure, et dans 5 ans ce sera parfait. Vous savez, la situation économique actuelle en Iran est vraiment préoccupante, avec des taux d’inflation très élevés qui peuvent réduire à néant le fruit de toute une vie d’épargne. Je considère que j’ai fait le bon choix en investissant mes économies dans quelque chose de concret et qui durera dans le temps. Sinon j’aurais tout vu partir en fumée.

IOV – C’est donc aussi un projet patrimonial. Vos enfants ont-ils l’intention de prendre la relève à terme ?

Une réflexion sur “La reconversion de Monsieur Ali à l’approche de la retraite”