- Propriétaire : Michel, Catherine et Caroline CHARVET (père, mère et fille)
- Marque : Domaine de Canfier
- Depuis : 2000
- Lieu : Domaine de Canfier, Robion (Vaucluse – France)
- Oliveraie : 10 hectares, 3000 arbres
- Variété : Aglandau
- Récolte : Novembre
- Moulin : moulin coopératif de la Balméenne (Beaumes-de-Venise)
- Production : 4000 à 8000 litres par an
- Autres produits : agritourisme
Chassez le naturel… il revient au galop !
Poussée par ses parents à fuir la rude vie agricole, Caroline Charvet a suivi de grandes études, intégré une prestigieuse maison de luxe et fait carrière dans la finance d’entreprise. Jusqu’au jour où elle a décidé de tout plaquer pour … prendre la relève de ses parents au domaine oléicole Canfier ! Récit d’une belle histoire de famille.

Michel revient à sa passion d’origine
Tout commence à la fin des années 1970. Michel Charvet, directeur de travaux publics qui a roulé sa bosse sur tous les grands chantiers de la France industrielle et rugissante des 30 glorieuses, hérite de son oncle et sa tante bien aimés de vastes terres agricoles qui se déploient autour d’une ancienne magnanerie.
Pour celui qui est tombé dans le BTP par accident à son retour d’Algérie où il fut mobilisé 3 ans, c’est l’occasion unique de retourner à ses premières amours. Le bac en poche, Michel avait en effet suivi des études agricoles, avec une spécialisation dans l’élevage bovin, son rêve de gosse. Un rêve qu’il a tout juste pu toucher du doigt : son élevage à peine constitué, il est appelé en Algérie et doit vendre le cheptel.

En 1977, il s’installe donc au Domaine de Canfier avec sa femme Catherine et leurs trois enfants. Et le couple se lance dans le maraîchage, sur plus de 30 hectares. Pendant 20 ans, ils vont trimer chaque jour de l’année, alternant les récoltes du 1er janvier au 31 décembre : carottes, choux, courges, tomates, melons… Plus d’une vingtaine de cultures, exploitées avec six ouvriers agricoles qui vivent à demeure, et qu’ils essaient tant bien que mal d’écouler sur les marchés alentours.
Mais la concurrence est rude. Les années 80 et 90 voient les produits maraîchers d’Espagne et du Maroc déferler sur le marché français. Les maigres bénéfices financiers s’évaporent et les dettes s’accumulent. « Pour une bonne année, vous en aviez quatre mauvaises » se souvient tristement Michel. En 1995, quand la banque menace de saisir les biens de Michel et Catherine, ces derniers enjoignent pour la énième fois leur progéniture à étudier dur et tout faire pour fuir la vie agricole.
Catherine trouve la clef
La situation du couple semble désespérée, mais c’était compter sans l’ingéniosité de Catherine, qui a l’idée de transformer une partie de la bâtisse en chambres d’hôtes. Bilingue en anglais et excellente cuisinière, elle fait du domaine de Canfier un repère prisé pour touristes de tous horizons, à l’entrée du Luberon.

Au même moment, Michel décide d’arrêter le maraîchage, devenu structurellement déficitaire, et de tenter autre chose. Son grand-père cultivait des oliviers dans le haut-pays niçois, et il choisit alors de perpétuer la tradition familiale. 3000 arbres seront ainsi plantés entre 1996 et 2001, sur 10 hectares de ces terres limoneux-sableuses à proximité du Coulon, la rivière qui s’écoule le long du Luberon.
L’oléiculture n’est pas vraiment plus rentable que le maraîchage, mais elle a beaucoup plus de charme, et de toute façon l’activité touristique a permis au couple de se remettre à flots. Michel s’épanouit enfin dans ses rangées d’oliviers, et se convertit progressivement à l’agriculture biologique. Mais les années passent et si le couple reste très actif, la question de la succession commence à se poser…
Caroline fait son come-back
Le problème c’est que leurs enfants sont bien éduqués : ils ont fait ce qu’on leur a dit de faire. Et ont donc suivi des voies très éloignées de l’agriculture. Si les deux frères ne se montrent donc pas vraiment intéressés à l’idée de reprendre le domaine familial, Caroline, elle, se pose des questions.
Son employeur à Paris prépare un plan social : ne serait-ce pas l’occasion de sortir de sa zone de confort, et faire le pari d’une toute nouvelle aventure ? En 2018, elle finit par trancher, et se lance !

Depuis, sa vie se partage entre le Vaucluse et Paris, où son compagnon et son fils vivent encore. Mais d’ici un an, toute la petite famille devrait s’installer dans la propriété familiale du domaine de Canfier. Et en attendant, Caroline se forme progressivement aux deux métiers de ses parents : l’oléiculture (c’est plutôt le domaine de Michel) et l’hospitalité (celui de Catherine).
Une huile d’olive artisanale faite avec passion
S’il est en âge de prendre sa retraite, Michel ne délaisse pas pour autant ses oliviers. L’été – période à laquelle nous avons visité le domaine – c’est aux aurores qu’il part relever les six pièges à mouches répartis sur les 10 hectares de la propriété. Et si l’un de ces pièges révèle l’arrivée récente d’un vol de mouches, Michel s’empresse alors de traiter la parcelle environnante avec un insecticide autorisé en agriculture biologique (Syneis). Un produit qui a l’avantage à ses yeux d’éliminer les mouches, là où l’argile ne fait que les repousser.
Le reste de l’année est tout aussi actif : taille, enherbement, récolte… Michel supervise tout, avec l’aide d’ouvriers agricoles pour les tâches les plus exigeantes. Sans oublier l’irrigation, pour laquelle il a développé un double réseau : un circuit de goutte-à-goutte enterré au pied des oliviers, et un système d’arrosage par micro-aspersion pour apporter de l’eau entre les rangées d’arbres.

Au final et grâce à ces nombreux soins, ce sont plusieurs dizaines de tonnes d’olives qui sont récoltées chaque année au mois de novembre. Une récolte effectuée à l’aide d’un vibreur de tronc qui fait la fierté de la famille, pour qui cette technique garantit la qualité des olives qui tombent directement dans le filet et ne peuvent donc pas être endommagées ni piétinées.
Pressées au moulin de la Balméenne à Beaumes-de-Venise, ces olives donnent en moyenne entre 4000 et 8000 litres d’huile d’olive (fruité vert et goût à l’ancienne), que Michel conserve et fait décanter au frais dans son entrepôt, où il s’occupe lui-même de la mise en bouteille. Avant de faire le tour des marchés pour écouler sa production.
Une passion chevillée au corps et une expérience précieuse, qu’il s’emploie chaque jour à transmettre à sa fille.

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