Journal de l’oliveraie – Mai 2020 – Floraison et biodiversité

Nous avons profité de la levée de la restriction à 100 km pour aller faire un tour dans notre oliveraie et voir comment nos chers oliviers se portaient. Et ils vont bien ! Voici quelques nouvelles.

La magie du printemps ! – © In Olio Veritas

Après la taille, les feuilles

Du 6 au 15 mars dernier, nous avons procédé à une coupe assez drastique de nos oliviers, qui n’avaient pas été taillés depuis deux ans. Nous avons été formés par le Groupement des Oléiculteurs du Vaucluse puis par notre cher vendeur Eric, qui est venu nous faire une démonstration sur place. 

Nous nous sommes équipés de sécateurs, de coupe-branches et de scies. Par chance, une productrice voisine, Alexandra, nous a prêté un sécateur électrique, drôlement plus efficace que les sécateurs manuels. Mais attention les doigts ! Et nous avons également acquis une petite tronçonneuse pour les grosses branches : il ne faut garder que 4 ou 5 “charpentières” par arbre.

La taille des oliviers : quand on est lancés, on ne s’arrête plus !

Nous savions que c’était nécessaire, mais cela nous a tout de même fait un peu mal au coeur de ratiboiser ainsi nos oliviers. Nous appréhendions donc de les voir encore dégarnis lors de notre venue cette semaine… Par chance, le printemps est passé par là, et avec l’apport de compost que nous avions fait après la taille, les oliviers ont produit plein de nouvelles feuilles et de rejets, les futures jeunes branches. Nous les avons donc retrouvés bien verts et touffus, en pleine santé !

Nous avons commencé par faire le tour des 104 oliviers, pour observer la cicatrisation de la coupe, enlever les rejets aux pieds, repérer d’éventuelles maladies (il n’y a rien, ouf !) et placer les “gourmands”, jeunes branches dynamiques, de façon à ce que la forme des arbres soit pratique pour la suite.

Un petit caillou suspendu au gourmand évite qu’il pousse tout droit vers le ciel et pompe la sève. – © In Olio Veritas

Un printemps florissant

Le mois d’avril a été assez pluvieux dans le Vaucluse, ce qui est très bénéfique pour les oliviers, qui peuvent ainsi puiser dans le sol les ressources nécessaires à leur floraison dans les derniers jours de mai. Nous sommes arrivés pile à la fin de la floraison des oliviers situés en haut de la parcelle, et au début de la floraison des oliviers du bas, qui ont une exposition au soleil un peu différente.

Les fleurs font le bonheur des insectes, ça bourdonne dans les oliviers ! – © In Olio Veritas

La floraison est bonne, même si, avec la taille sévère de cette année, nous ne nous attendions pas à beaucoup de fleurs. La variété de nos oliviers, l’Aglandau, est pollinisée par le vent, qui a bien fait son travail en cette deuxième quinzaine de mai. Les quelques fleurs présentes vont donc certainement bel et bien se transformer en olives : cette nouvelle étape, la nouaison, a lieu en ce début de mois de juin. Nous pouvons quoiqu’il en soit déjà affirmer que la récolte 2020 sera plus mince que l’abondante récolte de l’année dernière. Mais c’est le jeu !

Biodiversité dans l’oliveraie

C’est le printemps pour les oliviers, mais également pour toutes les autres plantes de l’oliveraie ! Quand nous sommes arrivés en pleine nuit pour camper sous les oliviers, nous les distinguions à peine parmi les herbes hautes. Puis nous nous sommes réveillés dans une jungle merveilleuse d’immortelle, de thym, de romarin, de sarriette, de camomille, d’orge des rats, d’avoine, d’orpin, de luzerne, de trigonelle… Nous avons répertorié plus de 50 espèces de plantes et nous étudions actuellement leur rôle dans l’oliveraie. Les légumineuses comme la trigonelle ou la luzerne permettent, par exemple, de transmettre de l’azote de l’air aux racines de l’olivier, favorisant ainsi la croissance de l’arbre.

Les belles immortelles qui entourent la parcelle. – © In Olio Veritas

Ce qui nous intéresse aussi, dans une démarche agro-écologique, et pour faire une huile la plus bio de bio, ce sont les plantes qui abritent des insectes prédateurs de la mouche de l’olive, le grand fléau qui nous attend pour l’été.

Préparation anti-mouche

La lutte contre la mouche de l’olive est l’obsession majeure de tous les producteurs d’olive du bassin méditerranéen (en Nouvelle Zélande ou au Japon ils luttent davantage contre les champignons). Dès que les olives sont formées, cette mouche y pond ses oeufs, qui deviennent des larves qui se nourrissent de la pulpe de l’olive, pour ensuite devenir des mouches, qui pondront à leur tour des oeufs dans les olives, etc, etc. Les olives ainsi “piquées” noircissent puis tombent au sol. Quand, au moment de la récolte, plus de 10% des olives sont piquées, l’huile prend un goût désagréable : elle est défectueuse. Il faut donc éviter à tout prix que les olives ne soient piquées !

La terrible mouche de l’olive…

Pour ce faire, certains oléiculteurs utilisent des insecticides pour tuer les larves ou les mouches. Mais ces produits chimiques se retrouvent dans l’huile. Et cela va à l’encontre de notre approche écologique. Donc très peu pour nous. 

En bio, plusieurs techniques s’offrent à nous : 

  • installer dans les oliviers des pièges à phéromones pour attirer les mouches et les tuer.
  • recouvrir les oliviers et leurs olives d’argile blanche pour que la mouche ne distingue pas le fruit de la feuille, et confonde l’olive avec un caillou.
  • cultiver des plantes hôtes des parasites de la mouche, qui vont éloigner ces sales bestioles.
  • installer des nichoirs à chauve-souris pour qu’elles dévorent les mouches.

Nous avons la chance d’avoir une parcelle assez isolée, bien ventilée et non irriguée (voyons les choses du bon côté !), ce qui, en général, attire moins les mouches. Mais pour avoir la meilleure huile possible, il faut être prévoyant ! Donc, même si nous n’aurons pas beaucoup d’olives cette année, nous allons combiner ces quatre approches.

Nous avons installé un premier piège à phéromones, qui va nous permettre de compter les mouches sur le mois qui arrive, pour savoir s’il y en a déjà dans la parcelle, prêtes à bondir sur nos olives. 

Et hop, on hisse le beau nichoir dans le grand pin qui borde la parcelle au nord. – © In Olio Veritas

Nous avons fabriqué et accroché un premier nichoir à pipistrelle (comme on dit ici). Ce n’était pas une mince affaire car les chauve-souris sont exigeantes et leur maison doit être située à plus de 4 mètres du sol, orientation sud-est (elles veulent la  vue sur le Luberon).

Et pour l’argile, ce sera à partir de juillet, quand les olives seront formées. Affaire à suivre !

Camping 5 étoiles

Tout va bien dans l’oliveraie donc. Et ton olivier s’active pour produire de belles olives ! C’est toujours un plaisir de passer quelques jours dans ce petit coin de paradis. Nous avons testé et approuvé le camping sous les oliviers, n’hésitez pas à venir en faire de même !

L’essentiel…

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