En ce vendredi 21 février 2020, un communiqué de presse de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) tombe : « L’Huile d’olive de Provence » a obtenu l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) par règlement publié au Journal Officiel de l’Union Européenne. Pendant ce temps là, à l’autre bout de la France, c’est un autre événement que l’on célèbre : la taille de l’olivier de Montmartre ! Nous y étions, évidemment.

Un olivier à Paris ?
Cet olivier a été offert à la Mairie du 18ème arrondissement de Paris en 2007 par le Groupement des Oléiculteurs du Vaucluse, dont une petite délégation vient lui rendre visite tous les deux ans. Sa variété, l’Aglandau (ou aussi Verdale de Carpentras, Berruguette, Blanquette ou Plant d’Aix), est l’une des plus répandue dans le Sud-Est de la France. Elle tire son nom de sa forme rappelant le gland et se caractérise par une bonne résistance au froid. Elle sert aussi bien à faire de l’huile que des olives de table. L’Aglandau de Montmartre est productif, mais personne ne récolte ses olives. Ce sont donc les corbeaux qui en font un festin lorsqu’elles tombent au sol en hiver.

Le lieu de plantation de l’olivier n’a pas été choisi au hasard : le vignoble de Montmartre, dernières vignes survivantes de la capitale.
La vigne de Montmartre
Au début du XXème siècle, le quartier de la « Goutte d’or » à Paris regorgeait de vignes sur ses coteaux et portait bien son nom. Mais avec l’étalement de la ville et sa densification, petit à petit, les projets immobiliers ont gagné du terrain et les vignes ont disparu. Dans les années 1930, une nouvelle opération immobilière devait voir le jour, mais un certain M. Poulbot eu l’idée de faire protéger le peu d’espace vert qu’il restait sur la butte Montmartre. Il eu gain de cause, sous condition d’aménager la friche. Il pensa donc à la tradition du quartier : la vigne.

Aujourd’hui, le vignoble compte 1870 pieds de vigne de 26 cépages dont du Cabernet, du Pinot mais aussi des cépages hybrides comme le VBCAL. Une partie des plants est renouvelée tous les 2 ans, avec des cépages adaptés au climat. La production annuelle est de 1 à 1,9 tonne de raisin transformé en vin depuis les années 1950. Vincent, le jardiner et vigneron, se souvient de la meilleure récolte jamais atteinte en 2017. Il s’occupe de la vinification dans les caves de la mairie du XVIIIème arrondissement, pour produire un rosé léger à 12° et un rouge à 13° vendu en fillettes (500mL) par la COFACE pour des financer des oeuvres caritatives de Montmartre.

Cérémonie de la taille de l’Aglandau
Après nous avoir conté d’histoire du vignoble de Montmartre, M. Durant, adjoint au Maire du 18ème arrondissement de Paris, nous invite à traverser la vigne pour nous rendre au pied de l’olivier, et passer aux choses sérieuses : la taille. C’est Eric Mathieu, du Groupement des Oléiculteurs du Vaucluse, qui est venu spécialement de Cabrières-d’Avignon pour assurer cette petite coupe de printemps. Il nous énonce les grands principes de la taille d’un olivier : faire rentrer la lumière et créer de nouveaux départs de branche pour équilibrer l’arbre, en appliquant la règle RMC : si une branche Rentre Monte ou Croise, on coupe !

Il nous explique plus en détail le parcours de la sève, la différence entre les bourgeons terminaux, latents et auxiliaires, les gourmands, les rameaux porteurs d’olives… et passe à la pratique. En quelques coups de taille-branche, il déshabille l’olivier de ses branches inutiles, dans l’espoir qu’il soit généreux en fruits (n’oublions pas que nous sommes à Paris…) et surtout qu’il ait fière allure dans ce fameux vignoble de la Butte Montmartre.

Cette belle démonstration de taille s’achève par un apéro des bons produits du Vaucluse, et surtout de l’huile d’olive !
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