- Producteur : Raphaëlle Mazzariol
- Marque : Olio Mio
- Depuis : 2018
- Lieu : Sciacca, Sicile, Italie
- Oliveraie : 600 arbres
- Variétés : Biancolilla, Nocellara del Belice, Cerasuola
- Récolte : manuelle avec des peignes électriques en octobre
- Moulin : biologique de Tulone
- Production : 4-5000 L par an
- Autres produits : –
- Spécificités : biologique
De l’huile d’olive sicilienne plein la malle
Quel est le lien entre la Sicile et le Gers ? L’huile d’olive de Olio Mio bien sûr ! L’énergique franco-italienne Raphaëlle Mazzariol nous raconte les premiers pas de son projet d’huile d’olive biologique sicilienne vendue en France depuis sa région natale, le Gers.

In Olio Veritas – Comment est née cette folle aventure Olio Mio ?
Raphaëlle – Après quelques années de vie parisienne à travailler dans le recrutement, j’ai compris que je souffrais de l’éloignement de ma campagne gersoise et je suis rentrée m’installer avec mon compagnon à Mouchan. J’ai tenté différents boulots salariés, avant de me rendre compte que ce dont j’avais envie était de lancer mon projet et d’être mon propre patron, pour être libre !
J’avais déjà un pied dans l’huile d’olive puisque depuis des années j’approvisionnais mes amis français en huile familiale sicilienne. J’ai donc décidé de me lancer plus sérieusement dans ce domaine et en juin 2018, j’ai créé Olio Mio, une huile d’olive extravierge biologique AOP de Sicile distribuée en France.

IOV – Pourriez-vous nous décrire votre oliveraie sicilienne ?
Raphaëlle – Nous sommes juste à côté de Sciacca, jolie petite ville côtière du sud de la Sicile, sur une vaste parcelle sur un plateau entre mer et montagne. C’est un ancien site antique, puisqu’on y a retrouvé un mieux puit romain. Ici, j’ai 600 arbres hérités de mes arrières grands-parents Lucia et Carletto. Certains oliviers sont millénaires, d’autres multicentenaires ou encore tout jeunes, fraichement plantés.

Contrairement à la plupart des oliveraies du coin, les arbres ne sont pas régulièrement alignés et espacés. Et il n’est pas rare de tomber sur un amandier, un abricotier, un neflier ou un figuier entre deux oliviers. J’aime cet aspect naturel et cette polyculture bonne pour le sol.

IOV – Comment gérez-vous cette oliveraie sicilienne depuis le Gers ?
Raphaëlle – J’ai confié la culture de mes olivier à la famille qui possède la parcelle voisine, en qui j’ai entièrement confiance. Ils sont en biologique comme moi, et ont des années d’expérience derrière eux. Je viens une fois par trimestre pour faire le point avec eux et voir les investissements nécessaires.
Je viens ensuite récolter les olives en famille au mois d’octobre et les presser dans le petit moulin biologique très moderne Tulone, monté par des jeunes de la région engagés dans le bio et la qualité. Ils conservent mes 5000 litres d’huile d’olive extravierge dans des cuves en acier au frais puis m’expédient le précieux liquide dans le Gers par bidons hermétiques de 25 litres. Je stocke ça chez moi dans un local dédié et je mets en bouteille à la main, au fur et à mesure des commandes.

IOV – Vous êtes très engagée dans le bio et l’écologie. Comment cela se traduit-il concrètement chez Olio Mio ?
Raphaëlle – Tout d’abord, la culture des oliviers en biologique, bien sûr. Nous n’utilisons aucun pesticide et nous laissons faire la nature autant que possible. La taille des arbres est une étape clé pour éviter les parasites.
Ensuite, j’ai choisi un moulin exclusivement bioligique pour éviter toute contamination. Je suis très portée sur l’hygiène et je suis contente de travailler avec Tulone car nous avons les mêmes exigences. J’ai la certification européenne AB, mais aussi italienne ICEA.
Enfin, du côté des contenants et du packaging, outre les bidons métalliques j’ai opté pour un contenant recyclable, le bag-in-box, qui permet d’allier la bonne conservation de l’huile au respect de l’environnement. Ce format rencontre un grand succès !
Par ailleurs, je n’utilise dans mon atelier que des produits d’hygiène écologiques pour éviter toute trace de produits chimiques dans mon huile.

IOV – Quels sont vos projets de développement pour les années qui viennent ?
Raphaëlle – Pour pouvoir rendre mon activité viable en gardant des prix accessibles il faudrait que je produise dix fois plus qu’actuellement. J’ai donc repéré des producteurs de Sciacca qui ont les mêmes pratiques et les mêmes variétés d’olives locales, en vue de leur acheter leurs olives ou leur huile et en assurer la commercialisation sous ma marque Olio Mio. Comme mon voisin de parcelle par exemple.
Par ailleurs, je pense à proposer d’autres produits comme des huiles infusées – et non pas aromatisées – au basilic, ou des cosmétiques en partenariat avec des artisans locaux. Mais je vais prendre le temps de faire les choses bien, car ce que je vise c’est avant tout la qualité.

IOV – On parle souvent de la mafia sicilienne. Y avez-vous été confronté dans votre projet ?
Raphaëlle – Heureusement non ! C’est un sujet qui me fascine aussi, car la région de Sciacca est un haut lieu historique de la mafia sicilienne. On entend souvent des histoires rocambolesques. Mais il semble que le secteur de l’huile d’olive en soit assez préservé, du moins à mon échelle.
